Le 16 novembre 2022, France 3 régions parle de nous :
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Extrait :
« Leurs maisons consomment quatre fois moins qu’une habitation classique, ils dépensent 30 euros par an pour se chauffer : visite d’un hameau, près de Gap, où les habitants ont investi dans un modèle d’habitation peu énergivore. Une solution face à la flambée des prix de l’électricité et du gaz.
Leurs maisons consomment quatre fois moins qu’une habitation classique, ils dépensent 30 euros par an pour se chauffer : visite d’un hameau, près de Gap, où les habitants ont investi dans un modèle d’habitation peu énergivore. Une solution face à la flambée des prix de l’électricité et du gaz.
Romuald Marlin a passé sa vie à défendre ce modèle. Passionné d’architecture bioclimatique, il a conçu son premier habitat groupé en 1986, à Sigoyer, dans les Hautes-Alpes. Avec quarante ans d’avance sur son temps. « Je suis content que l’histoire m’ait donné raison. Il y a quarante ans, j’étais pris pour un extraterrestre. Aujourd’hui, on parle davantage de ce type d’initiative. Même si, dans les faits, cela reste marginal« , commente-t-il.
En 2017, l’architecte haut-alpin concevait son second habitat groupé, quasi-autosuffisant : six maisons moyennes, d’une surface allant de 97 à 134 m², ouvertes sur une grande terrasse et parées de bardages en mélèze. Elles partagent un terrain de 4500 m², ainsi que des espaces commun : chambres d’amis, buanderie, jardin, local à vélo…
Dans ces logements installés à Romette, commune associée à Gap, et où vivent désormais sept familles (près de 20 personnes), tout est pensé pour réaliser des économies d’énergie : les pièces à vivre sont orientées plein sud pour capter un maximum de soleil, avec de grandes baies vitrées, et à l’inverse, très peu d’ouvertures au Nord. Les fenêtres sont équipées de triple vitrage, les épaisseurs d’isolation poussées à leur maximum, 40 centimètres, « tandis que la norme impose à peine la moitié« , note l’architecte.
Quatre fois moins consommateur qu’une habitation classique
Résultat : chaque maison du hameau des Allouviers consommerait en moyenne 10 à 15 kWh par m² et par an, « alors que la norme est plutôt de 45 kWh par m² et par an« , résume Romuald Marlin. « C’est presque quatre fois moins qu’une habitation classique« .
En 2020, le projet avait reçu le grand prix de la construction et de l’aménagement durables, décerné par le département et le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE) des Hautes-Alpes.
Pour expliquer ces économies, Romuald Marlin parle d’architecture bioclimatique et de « maisons passives », reprenant un terme qui a émergé dans les années 1990 en Allemagne. « L’idée est d’utiliser le climat comme une source positive, au lieu de lutter contre« .
Les six maisons sont construites sur un terrain en pente, orienté sud, et protégé des vents dominants. « Nous utilisons le moindre rayon du soleil pour le capter. L’enveloppe des bâtiments est également très performante, avec des espaces tampons qui nous protègent du froid« , résume-t-il.
Le hameau consomme un tiers de ce qu’il produit
Justement, ces maisons produisent elles-mêmes de l’énergie : les toits sont équipés de 40 m² de panneaux photovoltaïques. Le hameau consomme l’énergie qu’il produit, en temps réel. L’excédent est ensuite revendu au fournisseur Enercoop. Lorsqu’il n’y a pas de soleil, le hameau se branche alors sur le réseau classique.
Sur une année, le hameau consomme en moyenne un tiers de ce qu’il produit, en électricité. Résultat : chaque famille reçoit un chèque de 1200 à 1500 euros, sur un an, pour l’énergie produite en excédent et revendue au fournisseur.
Avec la hausse des prix de l’électricité, ces économies pourraient encore s’accroître.
30 euros par an de chauffage
Côté chauffage, là encore, la consommation est réduite. Les maisons sont équipées de poêles à bois. Chacune consommerait 0,25 à 0,5 stère de bois par an, malgré un climat parfois rude l’hiver. « Selon le prix du bois, le coût total est d’environ 30 euros« , estime l’architecte, qui vit lui-même dans l’une de ces maisons.
Le fait de vivre en habitat partagé permet par ailleurs de mutualiser une partie des consommations d’énergie. Cela a surtout été le cas au moment de la construction : les résidents auraient économisé 20% sur les coûts.
Un habitat de ce type aurait coûté 2000 euros le m² en 2017, terrain et espaces communs compris. « Maintenant, ce serait davantage avec l’augmentation du prix des matériaux« , estime Romuald Marlin.
Malgré un engouement récent pour ces initiatives dans l’opinion publique, en partie depuis la crise de l’énergie, « la société ne nous pousse pas à nous regrouper, c’est le règne de la maison individuelle, rien que pour obtenir un prêt à six familles« , regrette Romuald Marlin. A la retraite depuis trois ans, il a légué son cabinet à une jeune architecte, Alice Bernard, qui reprend et développe à son tour ce type d’habitat. »